Le pôle pédagogique, c’est un peu le cœur du réacteur d’un organisme de formation.
Les formations se créent, s’y déploient, s’améliorent.
C’est l’endroit où on gère des projets plus ou moins complexes et où l’on ajuste en permanence.
Aux commandes de cette machinerie, se trouve le/la responsable pédagogique. Si cet intitulé est familier aux « pédagos », pour le commun des mortels, il n’est pas toujours facile de comprendre ce qui se trouve derrière.
Et on peut le comprendre, car le poste peut prendre des formes très diverses en fonction du contexte dans lequel il s’exerce, qu’il s’agisse de la taille de l’organisme, du type de formation proposée, ou encore de l’organisation interne de l’OF.
Cet article vise à explorer la pluralité de ce métier et les compétences requises pour l’exercer.
Ceci est mon regard de professionnel lié à ma connaissance du secteur et du métier. Il ne se prétend pas comme un éventaire exhaustif de tout ce que peut comprendre la fonction.
Les compétences clés du métier
La fiche métier du Responsable pédagogique (code Rome K2102) nous renseigne sur les principales missions des Responsables pédagogiques qui
Pilote le dispositif de formation, développe les moyens pédagogiques, procède à l’organisation et à l’accompagnement de la qualification des personnes en formation.
Peut dispenser des actions de formation, concevoir et commercialiser un dispositif pédagogique.
Coordonne et anime une équipe pédagogique de formateurs.
À noter que selon les contextes, on parlera également de Directeur/Directrice pédagogique selon l’organisation interne et le niveau de responsabilité de la fonction.
Chef d’orchestre avant tout
La gestion de projet, c’est l’essence même du métier. On doit être capable de planifier, organiser et superviser des projets pédagogiques, en tenant compte des contraintes de temps, de budget, et des ressources humaines. Cette compétence nécessite une excellente organisation, une capacité à anticiper les difficultés, et une habileté à coordonner les différentes parties prenantes du projet. Un vrai défi !
Exemple de projet : créer un nouveau programme de formation ou créer un dispositif de certification professionnelle
Manager d’équipe
Dans ce métier, on travaille rarement seul. Selon les configurations, on peut disposer d’une équipe de salariés et endosser un rôle de manager. Dans ce cadre, on doit être capable de motiver et d’encadrer ses collaborateurs, de gérer les conflits et de favoriser un climat de travail positif et productif. La capacité à communiquer une vision claire et donner du sens aux actions menées par l’équipe est cruciale.
L’équipe pédagogique peut également être composée de personnes externes ou encore se décliner dans un modèle hybride salariés/externes. Il faut alors être capable de créer un collectif tout en jonglant avec les limites contractuelles des différents statuts. Tout sauf évident.
La polyvalence ou l’expertise métier : 2 scénarios possibles
Doit-on absolument maitriser la thématique des formations que son organisme dispense en tant que responsable pédagogique.
Eh bien, pas nécessairement. En fait, on fait face caricaturalement à 2 configurations principales :
Dans la première, on est amené à travailler au sein d‘un organisme spécialisé sur un sujet de niche. On exigera alors que le responsable pédagogique soit lui-même un vrai expert métier pour porter le sujet. Ça peut notamment être le cas pour des filières très spécifiques : la cybersécurité, l’expertise comptable ou encore le génie climatique…
Dans un second scénario, on exerce dans un organisme ou école généraliste ou multithématiques. On imagine très bien un organisme qui propose à la fois des formations en RH, comptabilité, communication ou encore qualité.
L’objectif n’est alors plus d’être un expert de l’ensemble de ces thématiques (les experts métiers sont là pour ça). Il est toutefois préférable pour les responsables pédagogiques d’avoir une vision au moins générale de ces derniers. Une bonne culture générale est ainsi un plus.
Des compétences en ingénierie de formation et de certification
Les compétences métiers sont nombreuses pour exercer cette fonction.
Si l’on se réfère à sa fiche métier, voici les principales :
Accompagner une personne dans l’acquisition de connaissances
Évaluer des acquis d’apprentissage, de formation ou d’expérience
Enseigner, transmettre des connaissances, développer des compétences
Assurer le suivi de la formation et le tracer dans les outils de suivi pédagogique à disposition
Définir des besoins en développement des compétences
Concevoir des supports de formation
Concevoir l’ingénierie de formation et les séquences pédagogiques
Concevoir des référentiels de formations et de certification
Concevoir un programme de formation
Réaliser un catalogue de formation
Organiser et piloter un programme de formation
Adapter un dispositif de formation selon les évolutions pédagogiques, sociales, économiques et techniques
Définir des ressources pédagogiques
Dans les faits, on mobilise rarement toutes ces compétences en même temps. De plus, comme on l’a vu plus haut, beaucoup de ces missions sont déléguées à d’autres fonctions comme les ingénieurs pédagogiques, les experts métiers ou les formateurs.
Toutefois, il apparait évident que l’on doit pouvoir avoir une connaissance avancée de ces sujets pour superviser l’ensemble d’un pôle pédagogique.
L’innovation comme leitmotiv
Si on ne révolutionne pas chaque jour son offre de formation et ses outils, être Responsable pédagogique c’est avoir un petit bagage technique sur le fonctionnement des plateformes d’apprentissage (LMS/LCMS) et de l’écosystème technologique dans lequel vont évoluer sesn stagiaires.
Avec l’émergence de l’IA , la fonction devient également essentielle pour promouvoir son usage et le diffuser à l’ensemble des collaborateurs de son organisme.
Des parcours variés pour accéder à la fonction
La formation
La première voie pour parvenir à ce métier est d’avoir suivi une formation dans le domaine des sciences de l’éducation, en psychologie, ou de l’ingénierie pédagogique. Ces parcours permettent d’intégrer des pôles pédagogiques sur des fonctions de conception ou d’ingénierie pédagogique, et d’évoluer ensuite vers les postes d’encadrement.
Ces formations peuvent être suivies dans le cadre d’une formation initiale ou suite à une reconversion professionnelle.
Les domaines connexes
De nombreuses personnes accèdent à la fonction après avoir exercé dans un secteur connexe à ce poste, après une carrière dans l’enseignement ou les RH par exemple. Ces parcours permettent de se saisir des réalités du terrain, des besoins des apprenants, et de la gestion des compétences.
Les parcours métiers
Enfin, certaines personnes sont issues initialement de fonctions métiers et évoluent progressivement vers des fonctions pédagogiques sur une seconde partie de carrière.
On a souvent cette configuration au sein d’entreprises du transport, de l’industrie ou de la logistique ou certains opérationnels évoluent petit à petit vers des fonctions de formateurs internes puis à terme vers de l’ingénierie pédagogique. Ils peuvent à terme devenir responsables pédagogiques au sein de l’organisme de formation interne de l’entreprise ou partir vers une carrière à l’externe dans un organisme spécialisé dans son cœur de métier.
Une demande du marché
La demande sur cette fonction est élevée en témoignent les indicateurs France Travail.
La très grande majorité des emplois proposés sont par ailleurs en CDI, ce qui apparait logique pour une fonction aussi structurante pour un OF.
Responsable pédagogique – France Travail – Septembre 2024
Conclusion
En résumé, le métier de direction pédagogique est aussi riche que diversifié et reflète des réalités très différentes. Un vrai bonheur pour tous celles et ceux qui ne supportent pas l’ennui !
Peu importe d’où l’on soit issu et de son expérience, il y a de nombreuses portes ouvertes pour accéder à ce métier, ainsi qu’à toutes les fonctions d’un pôle pédagogique.
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