Est-ce que vous aussi, vous manquez de flow ? On ne parle pas du style vestimentaire ou de l’attitude, mais plutôt d’état mental. En particulier, celui dans lequel nous sommes lorsque l’on est immergé dans une activité de manière optimale, « à fond ». Théorisée par le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi dans son ouvrage Flow : The Psychology of Optimal Experience, cette notion va de pair avec le sentiment d’engagement et de réussite.
Comprenez : plus un individu éprouve du plaisir à effectuer une tâche, plus elle sera réalisée facilement et ses informations intégrées.
Le monde de la formation et, plus généralement, de l’enseignement semble l’avoir bien compris : les formations seront ludiques ou ne seront pas.
Game studies, gamification, ludopédagogie : comment s’y retrouver ?
Vous avez déjà entendu ces termes liés à la formation ? Peut-être ont-ils même été présentés comme révolutionnaires ou nouveaux. On décrypte ce langage pour vous.
Au commencement, l’étude du jeu, ou game studies. Depuis Aristote, les chercheurs mènent des études sur les jeux, dans des domaines aussi variés que la sociologie, l’histoire, la psychologie, etc.
Dans la pratique vient la gamification — ludification en français. Elle est définie comme « l’utilisation des codes et des mécanismes du jeu dans d’autres domaines ». En résumé, la gamification consiste à incorporer du jeu dans un contexte où il n’y en a pas.
Quand la réalité est peu motivante, on peut appuyer sur l’intérêt du jeu pour impliquer plus fortement. Tous ceux qui s’appuient sur la gamification actionnent le système de récompense qui est directement lié au plaisir et donc… à la motivation.
En-dehors des jeux (vidéo), plusieurs domaines utilisent la gamification : le marketing par exemple, avec les bornes de gains en fin de caisse ou Coca-Cola pour la sortie de Skyfall. Utilisée pour répondre à de grands enjeux sociaux comme l’écologie, la gamification trouve aussi une place majeure dans les domaines de l’éducation et de la formation. Elle est ainsi intégrée depuis quelques années dans les propositions pédagogiques de l’Éducation nationale comme un nouvel outil d’apprentissage. C’est donc sans surprise qu’elle vient parsemer le milieu de la formation pour adultes. Une nouvelle branche émane alors, celle de la ludopédagogie qui sort des sentiers battus en favorisant l’apprentissage par le jeu.
Attention donc à ne pas confondre gamification et ludopédagogie qui proposent deux démarches différentes :
La gamification fait appel à certains mécanismes du jeu pour favoriser l’engagement des apprenants.
La ludopédagogie utilise le jeu en lui-même pour apprendre des notions. C’est dans cette catégorie que se retrouvent par exemple les serious games.
Ludique vs bénéfique : prenez vos précautions !
Que vous soyez en train de mettre en place une formation ou que vous souhaitiez la rendre plus attractive, l’heure est à la pédagogie multimodale qui combine plusieurs moyens de transmettre. En présentiel ou en distanciel, dans une modalité synchrone ou asynchrone, le jeu peut s’introduire partout. Encore faut-il l’utiliser efficacement.
Un quiz interactif par ci, un jeu de rôle par là… Soyez vigilants ! Il ne s’agit pas de faire appel à la gamification à tort et à travers. Trouvez le bon dosage pour apporter un réel gain à vos apprenants : si vous optez pour une activité ludique de deux heures qui aurait pu se dérouler en 30 minutes dans une pédagogie plus classique pour obtenir les mêmes résultats, vous empruntez un chemin semé d’embûches.
Lorsque vos objectifs de formation sont flous, vous risquez d’utiliser le jeu comme une fin et non comme un moyen. Or, il ne suffit pas de jouer pour apprendre : si vous mettez en place un escape game sans lien direct avec vos objectifs, les apprenants seront certes divertis, mais ils n’auront rien appris.
Ils en parlent : Never stop learning, épisode 29 : la gamification pédagogique
Des activités ludiques… mais surtout engageantes
Pour rendre vos activités à la fois ludiques et efficaces, elles doivent répondre à une double aspiration : motiver les troupes et garantir une rétention de l’information transmise. Misez donc sur des leviers d’engagement qui invoquent les mêmes stimulus qu’une partie de jeu.
Mettre en jeu l’apprentissage
Tout commence par la structure de votre parcours de formation, ce que les apprenants vont voir en premier lieu. Dans un objectif de gamificiation, stop aux diaporamas froids et conventionnels ! Optez plutôt pour des diapositives interactives comme celles proposées par le logiciel gratuit Prezi, dont les mouvements et les zooms rappellent ceux du jeu d’aventure.
D’un point de vue pédagogique, inspirez-vous des composantes du RPG (Rôle Play Gaming) :
La narration : selon les principes du storytelling (lien vers 1er article), créer une histoire donne du sens et suscite l’émotion, à l’instar du joueur qui plonge dans le récit du personnage qu’il incarne.
Les récompenses : points, badges ou jetons sont accordés lors d’une mission réussie ou d’objectifs atteints. Vous pouvez ainsi les utiliser pour mesurer une progression ou pour récompenser des efforts.
Le feedback : dans un jeu, en cas de réussite ou d’échec, un feedback instantané est donné au joueur qui doit recommencer ou poursuivre l’aventure. Optez pour cette méthode qui favorise la compréhension de ce qui fonctionne ou non. Elle peut également être bénéfique pour réduire des émotions désagréables telles que le découragement, la sous-estimation, le manque de confiance, etc.
Autre élément phare du jeu : définir si les participants doivent coopérer ou s’affronter. La coopération, cruciale dans le travail collectif, est une manière de se compléter pour atteindre un objectif commun. La compétition, elle, est vecteur de motivation lorsqu’il s’agit de réaliser des défis ou de parvenir au meilleur score (tant qu’elle est amenée sainement et sans tension). Cependant, vous pouvez aussi bien offrir à vos apprenants des expériences personnalisées, où chacun avance à son rythme.
À quoi joue-t-on ?
Si la gamification ne vous semble pas suffisante, pourquoi ne pas intégrer des jeux entiers au sein de vos modules ? Plusieurs types de jeux peuvent alors être mis en pratique :
Les jeux de simulation : ils créent des environnements virtuels où les apprenants peuvent expérimenter des situations réelles et prendre des décisions pour voir les résultats de leurs actions.
Les jeux de réflexion : ils présentent des énigmes pour faire travailler les méninges de vos apprenants à des fins d’acquisition de connaissances.
Les jeux de rôle : ils utilisent des scénarios spécifiques où chacun remplit un rôle particulier. Utile pour développer des compétences en communication et en prise de responsabilités. D’autant plus qu’on apprend plus facilement quand on se sent reconnu.
Et bien d’autres.
À lire aussi : Dossier spécial : le gamestorming dans la formation
Répandre le jeu çà et là ou utiliser des jeux à part entière : qu’importe votre démarche, créer des activités ludiques peut être une réelle plus-value dans vos parcours de formation pour accroître l’engagement des participants. Mais comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser. Évitez l’écueil de la surgamification en mettant le jeu au service de vos objectifs pédagogiques, et tout le monde en sera gagnant !
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